Gare de Vandières : un long combat d’EELV

Résumé en 3 lignes

La gare TGV Lorraine est accessible uniquement en voiture à une demi-heure de route de Nancy, au milieu des champs à Louvigny.

Une gare d’interconnexion avec le TER serait possible à Vandières, mais n’a toujours pas été construite depuis quarante ans. La Région la juge non prioritaire.

Les élus EELV ont été trahis en 2015 par le président de la Région Masseret, alors que le projet était enfin sur le point d’aboutir. Le récit est ici.

EELV Grand Nancy

Vandières : un très long combat d’EELV

Le projet a été validé le 7 novembre 2000 par le ministre de l’Equipement, le président du Réseau Ferré de France, le président du conseil régional de Lorraine et les présidents des quatre conseils généraux de Lorraine. L’enquête publique ouverte en 2009 aboutit à un avis favorable.

Un décret du 28 mars 2011 autorise la réalisation du projet de la réalisation de la gare d’interconnexion de Vandières (l’Etat permet ce financement via une taxe sur les produits pétroliers).

 Le 1er février 2015, l’ex-président du conseil régional Masseret organise une consultation publique des plus contestables, car la participation n’atteint que 10%. Il refuse de faire voter le conseil, malgré la demande des écologistes, et, en pleine illégalité, impose son option négative.

Plus de deux cents maires de Moselle, Meurthe -et -Moselle, Vosges et Meuse réclament officiellement la reprise du projet.

Le 30 mars 2017, Mathieu Klein, président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, demande à son tour la réouverture du dossier. Le 20 avril, le Conseil économique, social et environnemental (Ceser) vote en faveur de la relance du projet de cette gare d’interconnexion de Vandières.

 Actuellement, les liaisons s’effectuent tant bien que mal par la gare de Louvigny, en pleins champs, qu’il faut joindre en voiture ou par navettes, au risque de rater sa correspondance et à grands frais.

Les courriers adressés en 2017 à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, ainsi qu’au ministre chargé des Transports auprès du ministre d’Etat, Elisabeth Borne, et du ministre de la Cohésion des territoires, sont demeurés sans effet. Le 20 octobre 2017, la réponse du chef de cabinet de la ministre chargée des Transports auprès du ministre d’Etat, dit avoir transmis la demande au préfet de Meurthe-et-Moselle. Mais celui-ci n’a pas donné suite.

Les arguments d’Europe Ecologie Les Verts pour la gare d’interconnexion

La gare de Vandières contribuerait :

  • A l’amélioration des liaisons qui s’effectuent difficilement par la gare de Louvigny située en plein champ.
  • A une baisse des véhicules sur l’A31 et tout le sillon mosellan, donc une baisse de pollution notoire.

        En 2015, il avait été estimé que 600.000 voyageurs par an transitaient par la gare de Louvigny, soit en moyenne plus de 1.600 voyageurs par jour dont 1.000 trajets se faisaient en voiture.

•       1.000 trajets par jour x 60 km (moyenne de chaque aller-retour) = 60.000km soit 1,5 fois le tour de la Terre chaque jour, juste pour prendre le train.

•       CO2 par véhicule : 60 km par voiture/jour = rejet de + de 10 kg de CO2/jour (base de 200 g de rejet/km). Pour 1.000 voitures : 1.000 fois plus.

•       Pour un train, c’est 30 g de CO2 par km.

        Vandières-connexion permettrait aux 160 gares et haltes de Lorraine, réparties sur 620 km de lignes, d’être reliées directement au maillage de villes de France desservies par le réseau TGV mais aussi à certaines villes européennes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Cette gare se ferait sans emprunt puisque le financement serait assuré par la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, environ 0,0073 euro par litre pour les supercarburants et 0,0135 euro par litre pour le gasoil).

Les travaux conservatoires d’un montant de 23 millions d’euros ont déjà été effectués à Vandières. La gare de Louvigny, considérée comme provisoire, deviendrait une gare de fret.

Plusieurs pétitions ont demandé la construction de la gare de Vandières.

L’histoire d’un beau projet tombé
aux oubliettes

Il était une fois un projet de gare TGV Lorraine dont, au départ, pas grand monde ne se préoccupait. Nous sommes au début des années 80. Les voitures roulent en tous sens sur fond de musique disco. Les hommes politiques montrent leurs biscoteaux sur fond de rivalité Nancy-Metz. Pour tracer sa LGV qui s’annonce peu rentable, la SNCF veut donc construire à l’économie tout en ménageant les susceptibilités. Elle cherche un site à équidistance des deux métropoles rivales. Louvigny se situe sur un plateau, loin des éventuelles crues de la Moselle. En revanche à Vandières, il faudrait construire un haut viaduc pour éviter tout risque de montée des eaux. C’est donc Louvigny qui est choisi.

Une gare TGV accessible seulement en voiture, à 30 minutes de Nancy ou de Metz? Même pas connectée aux autres chemins de fer lorrains? Face à cette incohérence, seule la Fédération des usagers des transports en commun (FNAUT) commence à tirer la sonnette d’alarme. Les élus, eux, et notamment la Région Lorraine, tirent plutôt dans l’autre sens. Ils rêvent même d’une gare encore un peu plus à l’est, pour relier… l’aéroport Nancy-Metz!

Très vite cette lubie apparaît bien trop coûteuse. Mais ce n’est pas pour autant que la raison l’emporte.

La suite vous est détaillée plus bas. Toutefois, pour vous épargner cette lecture fastidieuse et irritante, retenez que Vandières est

aujourd’hui relégué au rang de « serpent de mer ». La Région Grand Est juge ce projet « non prioritaire ».

Pour aller dans le détail

Louvigny « site provisoire »…

1992.- Pétition de 200 maires pour une étude comparative. La SNCF reste sur Louvigny, les autres sites paraissant trop chers.

1996.- Signature de la déclaration d’utilité publique pour Louvigny, tandis que le financement n’est pas construit.

1999.- Le protocole d’accord de financement laisse la porte ouverte à la construction d’une gare finale à Vandières. Le ministre Jean-Claude Gayssot fait relancer une deuxième étude, qui trouve une solution technique moins onéreuse qu’initialement à Vandières.

2000.- Le conseil général de Meurthe-et-Moselle est pour Vandières. Celui de Moselle et la ville de Metz défendent Louvigny. Quant au président du conseil régional de Lorraine, Gérard Longuet, il propose qu’un bus à guidage optique relie Louvigny et le réseau TER. La SNCF se prononce pour Vandières, mais ne veut pas que la LGV ne prenne du retard.

2001.- Le préfet de Région indique que le financement de Vandières n’est pas bouclé auprès des collectivités locales. Gérard Longuet propose de lancer la construction de Louvigny, en préservant les emprises de Vandières pour le futur.

2002.- La gare de Vandières ne pourra pas être réalisée d’ici l’ouverture de la LGV en 2007, annonce le comité de pilotage du TGV Est. La construction de la gare de Louvigny est décidée par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

… Rossinot contre Vandières

Le président PS de Meurthe-et-Moselle, Michel Dinet, et son homologue des Vosges, l’UMP Christian Poncelet, défendent conjointement la gare de Vandières. Une majorité est également pour à la Région Loraine.

Mais d’autres élus lorrains sont contre : le maire de Nancy André Rossinot, ainsi que le président UMP de la Moselle et sénateur Philippe Leroy, qui   relance l’idée du barreau Metz-Nancy par Louvigny.

2004.- La coalition PS-PCF-Verts de la Région Lorraine s’engage à participer au budget pour la construction de Vandières et  confirme la construction d’un équipement temporaire à Louvigny.  Le président du conseil général de Moselle soutient Louvigny et menace de retirer ses billes de la LGV.

 2006.-  Un accord est conclu entre l’État, la Région et les trois départements de Meuse, de Meurthe-et-Moselle et des Vosges sur le financement de la gare de Vandières.

2007.- Plus d’une centaine de conseils municipaux, dont Thionville, Verdun, Lunéville ou encore Épinal déclarent soutenir le déménagement de la gare à Vandières, qui est également souhaité par le Luxembourg.

2009.- L’enquête publique aboutit à un rapport sans réserve en faveur de  la construction de la gare de Vandières, encourageant la reconversion de Louvigny en gare fret et de stockage des rames.

… Masseret trahit les élus verts

2001.-  Le décret no 2011-332 du 28 mars 2011 déclare « d’utilité publique et urgents les travaux nécessaires à la création de la gare d’interconnexion TGV/TER de la région Lorraine à Vandières ».

2015.- Une consultation locale, lancée à l’initiative du président de la Lorraine Jean-Pierre Masseret (PS), répond non à 58% à la question « La gare d’interconnexion TGV-TER de Vandières (…)  peut être réalisée sans être supportée par une contribution nouvelle des collectivités publiques. Compte tenu de cette possibilité sur le plan financier, pensez-vous que le Conseil Régional de Lorraine puisse s’engager dans sa réalisation et dans la transformation de Louvigny en gare de fret TGV? ». Moins de 10% des inscrits ont participé à cette consultation, mais le désaveu expédie  le projet de Vandières à la case départ (lire notre action).

2017.- Pour Jean Rottner, le nouveau président de la nouvelle région Grand Est, Vandières n’est pas une priorité.

2020.- Le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) demande au Grand Est l’inscription du projet de Vandières au programme Réseau transeuropéen de transport, dans l’espoir d’obtenir un financement européen.

2022.- A ce jour, 23,6 millions d’euros de travaux conservatoires ont déjà été entrepris  à Vandières. Plus de 250 communes françaises ou étrangères, dont Stuttgart, ont voté une motion en sa faveur.

Actualité Non classé
Gare Lorraine TGV, D 910, Louvigny, Metz, Moselle, Grand Est, France métropolitaine, 57420, France Carte